lundi 19 septembre 2016

Deux caps et un coup de tabac.



C'est donc dans les meilleures dispositions que nous quittons Almérimar après une courte escale réparatrice. Objectif de cette nouvelle navigation, Javea un petit port à l'extrémité sud du Golfe de Valencia. Ce qui permettrait de passer de la façade sud de la péninsule ibérique à sa façade est. Et ce serait notre avant dernière étape avant Barcelone. Mais une erreur tactique en décidera autrement.
Depuis le départ de Rabat, je reprenais la météo marine espagnole, en particulier pour l'approche de Gibraltar. Il y a bien sûr un bulletin littéral en espagnol. Mais il y a aussi et surtout une carte interactive qui permet soit d'avoir la mer du vent et la houle, ou le vent et la « mer totale », c'est à dire la résultante de la mer du vent et de la houle. La hauteur de la mer étant symbolisée par un code couleur allant du bleu foncé au rouge et passant par toutes les couleurs de l'arc en ciel, et ce en fonction de la hauteur des vagues. Et à l'occasion de notre traversée vers Rota, j'avais pu constaté que sorti du bleu foncé, c'est à dire des vagues de moins d'un mètre, la navigation devenait musclée. En prenant la météo à Alméria, la fenêtre est bonne. Il y a toutefois un coup de vent prévu dans la nuit précédent l'arrivée à Javea avec une augmentation du vent à 20 noeuds des vagues autour 1,2 mètres. Mais c'est localisé sur la Costa Blanca au sud du cap de la Nao, celui qui doit être notre dernier cap avant Javea. Et d'après les prévisions, cette perturbation doit se résorber par le nord. Donc plus vite nous la traversons, moins elle aura d'effet sur nous.
Lorsque nous quittons Alméria en ce milieu d'après-midi, il fait beau, la mer est belle et … il n'y a pas de vent bien sûr. Après une tentative décevante à la voile, nous continuons au moteur. Et ainsi de suite la nuit et le lendemain. Grand beau, pétole , moteur. En milieu de matinée de ce deuxième jour, nous tentons une baignade. Et c'est donc par un fond de 2090m que Grace prend son premier bain en pleine mer. Il fait chaud et c'est le seul moyen de se rafraichir sans vent. La glace achetée à Almérimar sert pour les boissons et à maintenir la glacière froide. Mais elle aussi fond.
Et la journée se poursuit ainsi, au moteur. Deuxième bain dans l'après-midi. Nous passons au large de Carthagène, cette belle escale des mois de décembre et janvier. Fin d'après-midi nous passons le cap de Palos, deuxième cap de notre périple. Et voyons les nuages d'orages s'amasser à l'horizon. Mais ils filent vers l'ouest et seront actif plus tard sur les terres.
Vers 20h, le vent monte. Après plus de 30 heures au moteur, je décide de hisser les voiles, histoire de naviguer comme un vrai voilier. Erreur tactique majeure. Mais ce n'est qu'au milieu de la nuit, ayant quasiment fait du sur place en 6 heures que je m'en rendrai compte.

Après le Cap de Palos.

Après le Cap de Palos.

Au début , le vent monte. Certes, il souffle exactement de là où nous sommes sensés aller. Mais la tentation de faire un bout à la voile est trop forte. On change donc de cap pour être au plus près de notre destination. Mais sur ce cap, nous allons droit sur des ilots entourés de récifs. Sans eux, nous visions Alicante avec beaucoup plus d'eau à courir. Il faut donc louvoyer rapidement. Mais ma grand voile est toujours pas au top. Et donc impossible de garder un cap décent. Et puis je suis proche du rail des cargos. Et bientôt je le coupe au moment ou il y a un cargo. Il faut donc manoeuvrer pour l'éviter. Le vent à continuer à monter, ça bouge beaucoup et il aurait fallu fermer le génois bien avant. Mais maintenant, il y a beaucoup trop de vent pour ça. Le bateau n'est pas ardent, et donc je décide de continuer comme ça. Pas de cargo en vue, détecteur de radar silencieux, je m'accorde un peu de sommeil. Au bout d'un moment, je me réveille. Le temps est toujours mauvais, ça bouge toujours autant, le vent est toujours aussi fort mais j'ai l'impression que l'on avance plus. Je regarde vers l'avant et réalise soudain qu'il n'y a plus de génois. Perdre un génois n'est pas ce qu'il y a de plus recommandé. Mais il reste un petit triangle de toile au pied de l'enrouleur. Je file vers l'avant et ne peut que constater que le génois est à l'eau, côté bâbord. Il est deux heures du matin, il y a 25 nœuds de vent et les vagues qui vont avec. Des conditions idéales pour remonter une bonne cinquantaines de mètres carrés. En fait c'est l'accroche sommitale («le point de drisse » pour les puristes) qui a lâché. J'essaie de tirer mais impossible de faire quoi que ce soit. Je suis à deux doigts de passer par dessus bord. La voile fait une sorte de poche sous l'eau. Elle semble passer sous de bateau. Je crains qu'elle ne se prenne sous la quille ou pis, dans l'hélice ou le safran. Après réflexion et diagnostique ; ce qui, en pleine nuit et par mauvais temps prends un peu plus de temps ; je réalise que la voile est encore reliée au bateau par son accroche au pied de l'enrouleur (« le point d'amure ») et par ses deux écoutes. Le courant semble la déporter sous le bateau, sur le bord opposé à sa chute. Je décide donc de la détacher de l'enrouleur et ensuite de la récupérer par les écoutes ce qui me permettra d'utiliser les winch pour m'aider. Il faut donc renter pour aller chercher des outils, ressortir, mettre les écoutes en bonnes positions pour quelles ne s'enmèle pas, les mettre sur les winchs. Puis regagner l'avant, dévisser l'attache sans la perdre, laisser filer le génois, refermer l'attache. Repartir à l'arrière, constater que la voile est bien passée sous le bateau, elle flotte maintenant entre deux eaux sur tribord arrière. Il suffira heureusement d'un seul winch pour remonter la voile. La voilà qui trône maintenant au milieu du cockpit. Ce n'est pas vraiment sa place en navigation, mais c'est mieux qu'au fond de l'eau.
Il est trois heures passées. Toujours 25 nœuds de vent, et la mer est toujours mauvaise. « Forte» dirait un bulletin météo. Je décide de poursuivre au moteur. Lequel démarre dans ces conditions au quart de tour. Ouf. Il faut affaler la grand voile et ensuite reprendre un cap. Au point, je me rends compte qu'en 8 heures nous n'avons pas avancé d'un mille vers le nord. Bravo, belle performance sachant que nous étions au alentour des 6 nœuds avant la perte du génois. Grace est malade, fatiguée et n'en peut plus d'être secouée comme un prunier.
Au moteur par contre, nous arrivons à faire route. Au alentour de 4 nœuds, mais c'est mieux que rien. Je décide donc d'aller à Alincante, que nous pourrons atteindre assez rapidement. Nous y serons à 11 heures. Soulagés, fatigués.
J'aurai donc le reste de la nuit et la matinée pour méditer sur mon erreur. La météo réelle fut plus intense que la prévision. 20 nœuds d'est et 2 mètre de creux prévus. La réalité fut 25 nœuds de nord nord-est bien établis et des creux suffisamment important pour que le bateau disparaissent entre deux murs d'eau. Donc plus près des trois à quatre mètres que des deux. Il faudra d'ailleurs que je coupe le pilote automatique et que je barre car non seulement les vagues sont hautes mais elles sont courtes et croisées. Evidemment la GoPro est déchargée. Donc pas d'images de ce coup de vent. Dommage, car il y eu quelques moments spectaculaires.
Mon choix « romantique » de mettre les voiles n'était pas rationnel. Le vent venait de la direction dans laquelle j'allais. Et sachant qu'au près il faut compter trois fois plus de temps pour atteindre sa destination, c'était un retard assuré. Mais je n'y pensais pas sur le moment. De plus, j'étais évidement à l’entrée sud du coup de vent. Or c’est par le nord qu'il se résorbait. Donc mon choix revenais à me condamner à rester dans le coup de vent. Et c'est effectivement ce qui arriva.
Moralité : lorsque l'on a un horaire à tenir, les décisions doivent être cohérent avec cette contrainte.
Donc quand on est face au vent, on reste au moteur.

Arrivée à Alicante, avec le génois dans le cockpit. L'intérieur du bateau est pas mal non plus.

Le génois étendu sur le quai.

Retour à Alincante. L'atmosphère est totalement différente.

Retour à Alincante. L'atmosphère est totalement différente.

Retour à Alincante. L'atmosphère est totalement différente.

Merci pour votre intérêt et à bientôt.

lundi 12 septembre 2016

En mer d'Alboran, again.


Ça y est, tout est prêt, nous pouvons quitter Rota, direction la Méditerranée via le détroit de Gibraltar. Un moment clé de notre périple.
Il est 16h lorsque nous larguons les amarres. Sortie de port sans difficulté, et passage sous voile sitôt passé la jetée. Voiles que nous gardons jusqu'après le Cap de Trafalgar. Il fait nuit lorsque nous l'atteignons, et le vent est contraire dans le détroit. Nous passons donc au moteur. La nuit est claire, il n'y a pas trop de cargos dans le rail. Même s'ils sont à bonne distance, moins il y en a mieux c'est. Derrière moi, un autre voilier va dans la même direction. Les mêmes causes produisant les même effets, lui aussi est au moteur. Le passage se fait sans encombre, même si les vitesses escomptées avec les courants sont en deçà de nos attentes. Il est vrai que nous avons une bonne heure de retard sur notre programme calculé sur la marée de Gibraltar, de façon à profiter des courants favorables. Le sens des courants change en fonction de la hauteur des marées. Quand la marée monte, l'Océan Atlantique remplit la Méditerranée. Donc les courant vont de l'Ouest vers l'Est. Quand la marée descend, c'est le contraire. Il faut donc connaître les heures de marée à Gibraltar pour passer sans « aller à contre courant ».

Il est 16h lorsque nous larguons les amarres.
 
Sortie de port sans difficulté, et passage sous voile sitôt passé la jetée.

Il fait nuit lorsque nous atteignons le Cap de Trafalgar.

Le jour se lève lorsque nous approchons de la baie d'Algésiras. Le célèbre rocher se découpe sur l'horizon rougeoyant. Et l'activité nautique augmente. Pêcheurs sportifs, voiliers, cargos entrant et sortant, ferries sont autant de préoccupation pour le navigateur. Et enfin, vers 10h du matin, nous doublons le phare de la pointe « Europe » et entrons officiellement en Méditerranée.
Journée sans histoire, la mer est plutôt calme, un peu de houle fait danser Liane mais rien de méchant. Repas, sieste ponctuent un journée de moteur, car il n'y a pas de vent. Nous attendons les dauphins, mais rien. Rien jusqu'au début de la nuit, où ils font leur apparition. Ils ne nous quitterons quasiment pas de la nuit. Au lever du soleil, disparition des dauphins. Il y en à bien trois qui passent vers 8h30, mais pour quelques minutes seulement et sans vraiment jouer avec Liane. Grace est très frustrée. Vers 10h, j'entends un bruit inhabituel dans l'eau. Dauphins ? Dauphins ! J'appelle Grace qui entre son sommeil et le bruit du moteur ne m'entend pas. Elle ratera donc une bonne demie-heure de jeu d'une bande d'une dizaine de dauphins gris. Je crois qu'elle m'en veut encore de ne pas l'avoir réveillée plus énergiquement.

Le jour se lève lorsque nous approchons de la baie d'Algésiras.

Dauphins ? Dauphins !

Dauphins ? Dauphins !

Dauphins ? Dauphins !
Dauphins ? Dauphins !

Début d'après-midi, nous atteignons Almérimar, grande marina intégrée à tout un ensemble touristique. Une ville façon Grande-Motte. Ambiance tourisme de masse, héliotropie, sea, sex and sun. Il faut attendre deux heures au ponton d'attente, pour cause de pause méridienne du bureau d’accueil de la marina. Les formalités d'arrivée sont faites et l'on nous assigne une place. Un marinéro se rends sur place pour nous guider et nous aider. Mais une fois Liane dans le bassin, le marinéro nous gare au quai opposé. Ça nous va aussi et l'on manœuvre pour se mettre entre deux voiliers. L'un est français mais n'est pas occupé. L'autre est anglais, il est occupé même si pour l'heure nous ne voyons personne. Petit tour à la douche puis en ville pour quelques courses et retour au bateau, histoire d'attendre l'heure du diner. Au retour, nous faisons connaissance avec Rosemary et Jamie, sympathique couple britannique qui voyage depuis quelques temps sur leur voilier. Suffisamment longtemps pour avoir eut un bébé en route. Évidemment, la conversation repart de plus belle a cette nouvelle et ces dames échanges impressions, souvenirs et bons plans. Le hasard fait bien les choses. Avoir rencontrer « en chair et en os » une jeune famille au long cours est du meilleur augure. Nous ne doutions pas de la faisabilité d'avoir un nouveau-né à bord. Et avions lu de nombreuses informations et témoignages à ce sujet. Mais rien ne vaut un échange direct. C'est donc avec un moral au plus haut que nous allons diner.

Début d'après-midi, nous atteignons Almérimar, grande marina intégrée à tout un ensemble touristique.

Début d'après-midi, nous atteignons Almérimar, grande marina intégrée à tout un ensemble touristique.


Merci pour votre intérêt et à bientôt.

lundi 5 septembre 2016

Rota, une belle escale.



Nous voilà donc à Rota, un peu par hasard. J'en connaissais le nom car c'est l'autre grande base navale de la marine espagnole après Carthagène. Pas vraiment envie d'y aller. Mais nous y sommes ; et plutôt contents vus les conditions de notre arrivée.
D'emblée l’accueil est aimable. Des passants aiderons Grace à ranger le pont et la grand voile pendant que je remplie les formalités d'arrivée. Au ponton, pas mal de bateau sont occupés, plutôt des retraités mais l’accueil est cordial. Bref, bonne ambiance.
Les installations portuaires se partagent entre le port de plaisance d'un côté et le port de pêche de l'autre. Et tout le monde se retrouve à l'entrée des installations, ou pas moins de cinq restaurants et bars se partagent une clientèle nombreuse. Ici pas de chichis. Des cartes basées sur les produits de la mer. Poissons grillées, fritures, en plats, en tapas, il y en a à profusion. Des classiques mais cuisinés avec des produits frais. Simple mais délicieux. La semaine, pas mal de pêcheurs y ont leurs habitudes. Le weekend, c'est en famille et entre amis que l'on vient s'y régaler. Grandes tablées, on parle fort, on rit, on boit. Le expatriés de la base navale y viennent aussi. Ainsi que les plaisanciers de passage. Bref, de bonnes adresses. J'oubliais les prix défiants toute concurrence.

Et tout le monde se retrouve à l'entrée des installations, ou pas moins de cinq restaurants et bars se partagent une clientèle nombreuse.

Rota vue du cockpit.

Rota, sa marina et sa vieille ville.
L'entrée du port donne sur la vieille ville. Maisons andalouses blanches, rues étroites, placettes entourent une maison forte et quelques églises. Au détour d'une rue, deux limettiers chargés de beaux citrons verts. C'est la première fois que j'en vois. J'avais déjà vu de nombreux citronniers, mais pour le limettier c'est une première.

Maisons andalouses blanches, rues étroites, placettes entourent une maison forte et quelques églises.

Maisons andalouses blanches, rues étroites, placettes entourent une maison forte et quelques églises.

Maisons andalouses blanches, rues étroites, placettes entourent une maison forte et quelques églises.

Ce n'est que le lendemain que nous profiterons des kilomètres de plages de sable qui font les délices des vacanciers, mais aussi d'habitants de la région.

Ce n'est que le lendemain que nous profiterons des kilomètres de plages de sable qui font les délices des vacanciers, mais aussi d'habitants de la région.

Ce n'est que le lendemain que nous profiterons des kilomètres de plages de sable qui font les délices des vacanciers, mais aussi d'habitants de la région.
Le lendemain de notre arrivée, nous traversons la ville entière, à la recherche de bouteilles de gaz de rechange. Nos dernières provisions datent de Cadix et nous utilisons la dernière bouteille. Il faut donc agir.
La vieille ville, puis la ville moderne pour enfin arrivé à la zone commerciale aux sorties de la ville ou se trouve la grande quincaillerie ou nous pourrons nous approvisionner.
Ce n'est que le lendemain que nous profiterons des kilomètres de plages de sable qui font les délices des vacanciers, mais aussi d'habitants de la région. Et en ce jour d'Août, les plages sont très fréquentées. Mais elles sont suffisamment grandes pour qu'il y ait encore des coins moins fréquentés, un peu à l'écart.
Au final, une petite ville vivante, sympathique et authentique que nous vous recommandons si l'occasion se présente à vous.

Merci pour votre intérêt et à bientôt.

lundi 29 août 2016

Rabat Rota. Une navigation difficile.


La côte atlantique du Maroc est réputée pour être difficile. Parce qu'elle est longue, qu'il n'y a que très peu d'abris et qu'elle est soumise à des vents et courants dominants plutôt favorables pour ceux se rendant au sud. J'y ajouterai une nuée quasi permanente de pêcheurs autour de Rabat et Kénitra. Et les cargos venant du sud ouest se rendant à Larache.
De notre côté, il fallait remonter vers l'Espagne. A contre-courant donc. Mais en prenant plus au large, les courants sont moins forts. Donc nous irons au large. Et l'on se prépare en conséquence. La fenêtre météo est bonne. Mais pas assez longue pour faire l'intégralité de la traversée dans des conditions calmes. Soit l'on commence dans des conditions de mer assez fortes, soit l'on fini dans des conditions fortes. Je choisi la deuxième option. Nous ne seront pas déçus.
Après avoir fini notre avitaillement, en frais principalement puisque nous avons toujours riz, polente et pâtes à profusion. Nous embarquons des fruits, du pain, de l'eau en bouteille, quelques sodas. Rendez vous est pris avec les pilotes pour 19h, et avec les autorités une heure avant pour les formalités de départ. Une fois tout cela fait, passage du chien anti-drogue compris, nous voici fin près pour le départ.
Il fait beau, le soleil déclinant et le pilote nous accompagnent sur la rivière Bouregreg direction la mer. Les berges sont très animées. Beaucoup de monde, il fait beau, c'est l'été et la-bas aussi c'est les vacances scolaires. Premier méandre pour contourner la célèbre casbah des Ouyadas, ville médiévale et forteresse qui commande l'entrée de la rivière Bouregreg. Sur l'autre rive, des plages ont été aménagées. Elles aussi noires de monde. Les femmes se baignent habillées. Mais qu'à cela ne tienne, elle sont quand même à l'eau. Des hommes nagent au milieu du chenal. Le pilote les aborde et leur fait dégager le passage. Deuxième méandre et l'ont aperçoit la mer. La casbah qui était jusqu'alors dans l'ombre se pare des couleurs chaudes du soleil. De l'autre côté, les murs de Salé surplombent les plages qui n'en finissent pas. L'on passe les deux dernière jetées, le pilote fait demi-tour et nous salue, sa mission se termine là.
 
Il fait beau, le soleil déclinant et le pilote nous accompagnent sur la rivière Bouregreg direction la mer.

Beaucoup de monde, il fait beau, c'est l'été et la-bas aussi c'est les vacances scolaires.

La casbah des Ouyadas, ville médiévale et forteresse qui commande l'entrée de la rivière Bouregreg.

Rabat s'éloigne dans notre sillage.

Nous voilà en mer. La mer est plutôt belle mais il y a des vagues. Curieusement les vagues sont courtes. Pas très hautes mais elles se succèdent rapidement. Rien à voir avec la houle longue que j'ai pu connaître autour de la Bretagne. Liane bouge pas mal. Nous nous sentons rapidement pas très bien. Nausées pour Grace, mal de tête pour moi. On fait tout ce qu'il y a faire après un départ, en pensant que cela va passer. En fait non. Et de réaliser que cela fait cinq mois que nous n'avons pas navigué. Nous ne devons plus être amariné. 
 
Jusque là, tout va bien.

Premier coucher de soleil en mer. Il y en aura 11 autres en ce mois d'Août.


Nous sommes au moteur, car le vent est faible et il y a des pêcheurs partout. La nuit tombe et il y a toujours autant de pêcheurs. La vigilance est permanente. Je dénombre jusqu'à quarante bateaux autour de nous. Et ça durera la nuit entière, le temps pour nous de quitter la région de Kénitra. Nous sommes toujours au moteur. Il y a du vent, mais je ne me sens pas de louvoyer toute la nuit au milieu des bateaux de pêche.
Au petit matin, plus de pécheurs ni de vent. Nous croisons le rail des cargos pour Larache en milieu de matinée. Il y du trafic mais nous passons au bon moment. Le mal de mer est toujours là, lancinant.
Début de soirée, le vent monte comme prévu. On songe à monter les voiles. A ce moment précis, le moteur commence à perdre de la puissance. Et puis s'étouffe. On envoie la toile. Le vent est Est, ce qui nous permet de continuer à remonter vers le nord. La nuit tombe, le vent monte encore, la mer devient mauvaise. Le de grand voile à lâché sous l'effet d'une rafale. Il avance vers la baume, et la voile ressemble plus a une boule de chiffon qu'à une grand voile. Impossible avec ces conditions de ramener le vers sa position normale. Je prends donc deux ris pour limiter les battements de toile détendues. Je me fais essorer au passage par un paquet de mer qui balaye le pont. Les ris sont pris, de toute façon le vent seul aurais justifié une telle manœuvre. Malgré cette situation un peu scabreuse, le voilier continue à monter vers le nord. Sans moteur, pas question d'essayer de rentrer dans le détroit de Gibraltar, surtout dans ces conditions. Donc on continue vers le nord. On s’arrêtera à Barbate si possible, voire à Cadix.
Le pilote automatique tiens le choc et maintient le navire sur un cap honnête. Il faut à présent être très vigilant, nous traversons le rail des cargos entrant et sortant du détroit. Le détecteur de radar me préviens rapidement. Il faut sortir et abattre pour éviter un cargo. Et ça repart vers le nord. Avec 33 nœuds de vent. Heureusement le trafic est modéré cette nuit. La plupart des cargos ne sont pas en course de collision. Ça passe sans manœuvres particulières. Le reste de la nuit nous voit monter vers le nord. Pas question d'aller vers Barbate, port que nous connaissons et qui serait dangereux d'aborder avec un tel vent d'Est. Le jour naissant nous dévoile Cadix. Ville que nous connaissons bien pour y avoir passer le mois de février. Et que nous allons admirer pour le reste de la journée, notre grand voile ne permettant pas de remonter au près vers la baie. Il faut donc louvoyer, et nous y passons 6 heures. Le vent est maintenant raisonnable.
En fin d'après midi, je décide d'aller à Rota, au nord de la baie, qui doit être assez proche de notre position. Le port est en effet à quelques minutes. On tente un démarrage moteur. Il démarre, perd de la puissance et s’arrête. Deuxième tentative, il démarre et s'éteint immédiatement. J'appelle le port et décris ma situation, mais ils n'ont pas de secours. Il faut donc envoyer un de ces fameux message « Pan-Pan ». Le contrôle de Cadiz nous réponds et nous envoie la vedette du secours maritime. Pour éviter de finir dans les rochers, j'envoie le génois. Et l'on attends que la vedette arrive. Au bout d'une demie-heure, elle arrive. Il faut rentrer le génois. Qui se bloque. Murphy doit être dans le coin. C'est avec un tournevis servant de barre de traction que je rentrerai le génois. Un bonne demie-heure de perdue. Enfin on est pris en remorque. Notre arrivée à Rota ne passe pas inaperçue. Il faut faire la paperasse liée au sauvetage, et payer immédiatement. Il est tard, on ne peut plus faire le plein. Nous passerons donc notre première nuit au ponton d'attente. Avec tout de même une grande satisfaction d'être de retour en Europe.

Merci de votre intérêt et à bientôt.

lundi 22 août 2016

Retour à bord.


Ça y est nous sommes de retour à bord. En France, au mois d'Août, tout est figé. Il ne faut pas espérer faire avancer substantiellement quoi que ce soit. Donc autant être prêt pour la rentrée. Et ramener le navire dans un port qui offrira plus de possibilités pour la suite. Après plus de quatre mois passés en France pour tenter de régler des histoires de familles, on est enfin de retour sur Liane en cette nuit du 4 Août. Pour nous, c'est le retour à nos privilèges. Privilège de vivre une vie simple mais libre. Privilège de voyager chez soi. Et ce soir, bonheur d'être à nouveau chez soi. Retrouver la chaleur du carré. Retrouver nos affaires, soigneusement triées. Car un bateau n'est pas extensible. Alors tout ce que l'on a à bord est le résultat d'un choix conscient. Ici pas d’achat compulsif. De consommation « par habitude ». Après quatre mois de vie dans un appartement et une maison, les deux raisonnablement grands, nous nous rendons compte à quel point la vie de sédentaire est contraignante. Plus confortable que celle de marin, mais sans réelle liberté de décision, d'action et de mouvement. La voiture était impérative. Les courses quasi quotidienne. Et évidemment avec une tendance à accumuler le superflu. La plupart des occidentaux exorcisent leur angoisse face au grand mystère de la vie et de la mort en s'entourant d'un maximum d'objets. Au cas où, parce que c'est trop choux, parce que ça me plaisait. Et puis parce que jeter est difficile. C'est l'aveu de notre coupable légèreté et ou de notre totale soumission face à la matière. Donner ? Pire encore. C'est reconnaître que l'autre non seulement pourrait faire mieux que soi en utilisant réellement l'objet, mais c'est surtout lui reconnaître une existence positive, à tout les sens de cet adjectif. Or l'ennemi c'est l'autre. C'est par lui que cette mort tant redoutée peut arriver. Alors que l'objet lui est rassurant. Même s'il est mortifère par excès. Mais c'est une mort douce, rassurante. Alors on accumule. Point de cela sur un bateau. Pas de facilité. Tout y est choix. Et c'est ce qui nous plait.

Merci de votre intérêt et à bientôt.
 
Retour à bord


Vue du balcon. Elle a changée depuis.

La marina Bouregreg, un havre de paix.
Évidemment, la matière et la vie se rappellent à nous dès le lendemain matin. Après quatre mois, Liane est recouverte d'une bonne couche de crasse, sable, guano au dessus de la surface et d'algues et de coquillages sous la ligne de flottaison. Il faudra deux bonnes journées pour remettre de l'ordre dans tout cela. Et deux plongées pour retrouver l'entrée de la prise d'eau des WC, bouchée par une pellicule uniforme de sédiments sur la coque.
Il faut aussi refaire le point de ce que l'on a en nourriture, ce qui doit être complété pour le départ. Reprendre la météo quotidiennement. Et finir la réparation du moteur. Tout en profitant quand même des siestes dans le cockpit et de visite de Rabat, Salé et Casablanca. Bref, des journées bien remplies.
En quittant Liane fin mars, je ne savais pas combien de temps durerait notre absence. En France, je comptais bien les mois qui passaient. Mais ce n'est qu'à l'aéroport et plus encore à la marina que j'ai réalisé ce qu'étaient quatre mois. Le tiers d'une année. Et c'est long, le tiers d'une année.

Cours de voile sur la rivière Bouregreg.

Mausolée Mohammed V

Mausolée Mohammed V

La rivière Bouregreg à marée basse

Le "bac" entre Salé et Rabat.


Escapade à Casablanca.



Escapade à Casablanca.

lundi 30 mai 2016

Un (premier) album de photos en ligne

Bonjour,

Si le voyage est pour l'instant en stand-by, les activités autour du voyage continuent.
Profitant d'une offre promotionnelle de la plateforme de publication en ligne "Saal" , j'ai réalisé un livre photo regroupant la grande partie des photographies panoramiques prises durant ces 6 mois de voyage. Vous pouvez en avoir un aperçu ici:

https://www.saal-digital.fr/service/share-order/?2XF6gkna1mIhBdjA5TvLMdCuENMHjZIf1qZPjlVh

Le process est assez simple et classique: via une application dédiée multiplateforme (PC, Mac, Linux) à installer sur votre machine, vous mettez en page avec ou sans modèles. C'est intuitif et j'ai trouvé facilement les fonctionnalités nécessaires. L'interface est suffisamment souple pour réaliser une maquette un peu élaborée. La suite, commande et upload du projet c'est bien déroulée. Jusque là tout va bien, ce qui augure bien de la suite, c'est à dire la réception du produit. Je vous tiendrai au courant.

Vos feed-back, ou critiques en français, sur l'aperçu du livre sont les bienvenues.

Enfin, l'expo estivale se prépare, à deux "voix" ou plutôt deux "regards". Mais suspense, suspense, je n'en dévoile pas plus pour l'instant.

Merci de votre intérêt et à bientôt.

lundi 23 mai 2016

Un long silence

Chers lecteurs et amis,
Vous vous demandez pourquoi ce blog s'est soudainement arrêté pour presque deux mois de silence. Ce genre de silence ne peut qu'engendrer inquiétude et questionnement. Certain m'ont fait l'amitié de mon contacter directement pour prendre de mes nouvelles.
Nous nous posions un certain nombre de questions sur la suite à Rabat. Pour l'heure, la vie s'est chargée de nous donner une réponse radicale. Mon père est décédé le 30 mars. Ma mère agée ne peut pas rester seule. Tout ça s'organise et prend du temps. Nous avons donc quitté les rivages de l'Atlantique pour ceux du lac Léman, et ce pour une durée indéterminée. Le Spitzberg sera donc pour l'été 2017. Nous serons toutefois de retour le 6 juin à bord de Liane pour une quinzaine de jours.
Avec quelques images du Caire, en hommage à mon père.













Merci de votre intérêt et à bientôt.