mardi 15 décembre 2015

La Ruta Pedra en sec


Ca y est, c'est fait. J'ai traversé la Sierra de Tramuntana. Et d'une certaine façon Majorque par la même occasion. Superbe randonnée de 8 jours essentiellement par le GR221, mais pas uniquement. Commençons par la classique avalanche de chiffres. Huit jours de marche, sept nuits à la belle étoile, cent quatre vingt kilomètres, sept mille mètres de dénivelée, plus de 1600 photos et vidéos. En autonomie totale. Enfin presque. Car ma stratégie énergétique concernant mon appareil photo s'avèrera inopérante, m’obligeant à une interruption de 24h.
Mais surtout huit belles journées dans cette nature méditerranéenne que j'affectionne tant. Huit jours d'effort, de concentration, de méditation active. Huit jours de photo. Sept nuits à converser avec les étoiles. Retrouver des sensations oubliées. Retrouver des préoccupations oubliées. Simples et directes. Où aller ? Est-ce le bon chemin ? La bonne trace ? Où manger ? Où dormir ? Écouter les oiseaux chanter. Faire chauffer sa popote sur son réchaud. Installer son bivouac. Bref, un grand et bon bol d'air.
Le mois de décembre, climat méditerranéen oblige, se prête à cette randonnée. Pas de pluie, une température équivalente à une fin septembre en France. Deux petit bémol toutefois. Les jours sont très courts et je marcherai en général deux heures de nuit, à une exception près, pour pouvoir boucler les étapes dans le temps imparti. Avantage, je pourrai me lever relativement tard chaque matin... Autre bémol, au Sud de Deià, tout est fermé en cette saison. Aucun hôtel d'ouvert, très peu de restaurant et de magasins. Sans importance pour moi qui suis en autonomie totale. Mais qui imposerait cette option à quiconque voudrait rééditer cette randonnée à la même période. Plus au nord, les refuges du GR sont ouverts. Car ce chemin, la « Ruta pedra en sec », est assez récent. Le tracé et « l'équipement » tout frais. Innovation qui n'est pas forcément bien vue des propriétaires terriens locaux, la vieille mentalité gréco-romaine rurale n'étant pas un modèle de d'ouverture et de dynamisme. La création du chemin semble s'être faite au forceps, et via tribunaux interposés. De nombreux signes en attestent, du panneau de déviation plus ou moins officiel au panneau officiel d'excuses pour cause « d'interruption judiciaire » de l'itinéraire. Bref, le schéma classique d'une réappropriation récente de la nature par les citadins, au grand dam des ruraux. Certaines variantes empruntent des chemins dont le caractère publique peut être mis en doute. Il faut donc faire attention à ce que l'on fait. Mais au mois de décembre, tout le monde se fiche d'un randonneur solitaire. Et je ne rencontrerai aucun obstacle ni problème.
Mais le jeu du GR en vaut la chandelle. Cet itinéraire permet de découvrir l'ile en dehors des « sentiers battus » des resorts et autres séjours « pieds dans l'eau ». La côte ouest et la montagne sont splendides, rurales et sauvages à la fois. Avec suffisamment de cachet pour lancer une initiative réussie de labellisation « patrimoine mondial » auprès de l'UNESCO. Et s'il faut faire « marcher le tourisme », faire « marcher le touriste » semble donc une bonne stratégie.
L'itinéraire que je suivrai, trouvé sur un site allemand, www.alpenquerung.info, traverse la Sierra Tramuntana en huit jours. Avec un départ de Port d'Andratx. Ce qui pour moi confère un double avantage. Je pars « au sortir du bateau ». Et Port d'Andratx me positionne très favorablement pour la poursuite de mon périple marin vers le sud-ouest. A une exception près ;le tracé ayant connu quelques fluctuation récente je l'ai déjà mentionné ; la trace suit des sentiers officiels et ouverts, GR221 ou variante par les sentiers du Conselleria de Medi Ambient del Gobierno de las islas Baleares. Il y a vraiment deux temps différents, avant et après Deià. Ceci je pense étant du à la présence ou non d'eau en quantité suffisante pour l'agriculture. La végétation, les écosystèmes, sont les mêmes partout. Mais au nord de Deià, l'eau est plus présente, et une agriculture méditerranéenne s'y développe. Je serais donc accompagné par le tintement des clochettes des moutons jusqu'à la fin.
Je ne vous décrirai pas les paysages, ni les impressions qu'ils font naitre, les photos le feront bien mieux que moi.
En conclusion, une superbe randonnée que je recommande à tous les amateurs du genre. Et que je referai bien volontiers à l'occasion, au printemps cette fois.

En quittant Port d'Andratx, le ton est donné.

L'ile de Dragonera vue de Ses Basses.

Au sommet de l'Esclop.

En entrant dans Estellenc.

Orangers, citronniers, palmier. Un jardin d'éden.

Petit déjeuner. Important !

Au col de Camin Nous.

Pas de pluie mais du vent, qui lorsqu'on dépasse les 800m d'altitude devient froid.


Merci pour votre intérêt et à bientôt.

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